Ces méthodes adaptent la simplification en fonction de la position d'observation. Ainsi, un modèle occupant différents niveaux de profondeurs à l'écran verra sa partie en avant-plan très détaillée et sa partie en arrière plan simplifiée.
Hoppe étend sa méthode des Maillages Progressifs en les raffinant en fonction du point de vue [Hop97]. Il utilise trois type de simplification : d'une part il supprime classiquement les parties du modèle hors du champ de vision ainsi que les faces non orientées vers l'observateur, d'autre part il adapte sa fonction d'énergie de façon à ce que l'erreur qu'elle évalue soit basée sur une déviation visuelle à l'écran. L'erreur visuelle commise par la déviation géométrique du maillage simplifié est bornée par un seuil fixé. Un des aspects positifs de cette évaluation d'erreur sur l'écran est qu'en particulier les bordures du maillage sont bien préservées.
Cet algorithme fonctionne assez rapidement pour du temps réel, mais
est toujours adapté à un seul modèle.
La Simplification Dynamique Hiérarchique de Luebke et Erikson
[LE97] permet, elle, d'effectuer la simplification de modèles
quelconques et de scènes complètes (pas seulement d'un modèle isolé).
La scène est composée d'un seul ensemble de sommets organisés sous
une forme arborescente dont les noeuds stockent les sommets utilisés
pour différents niveaux de simplification. Les critères d'erreur sont
une déviation géométrique à l'écran, la préservation de la silhouette
des modèles et un budget de triangles à garantir. De plus, cette méthode
est rapide et robuste car elle peut fonctionner sur des maillages
dégénérés. Elle ne préserve pas la topologie des modèles, ce qui permet
de simplifier énormément. Le pendant est qu'elle obtient de moins
bon résultats visuels. Par ailleurs, étant donné que cette méthode
utilise également la technique de réduction d'arêtes, les critères
de réduction utilisés dans les méthodes précédemment décrites peuvent
être adaptés.
Le champ typique d'utilisation des méthodes de simplification dépendant du point de vue d'observation sont les méthodes de rendu de terrain. Un terrain est un maillage créé par triangulation d'une carte de hauteurs (cf. section 1.4) sur lequel les critères d'erreur des techniques de simplification vues précédemment peuvent s'adapter. Garland propose une méthode permettant de raffiner l'affichage de ce maillage jusqu'à ce qu'un critère visuel soit atteint [GH95]. De même, Hoppe adapte ses Maillages Progressifs au rendu de terrain dans [Hop98]. L'affichage de terrains en temps réel est un domaine à part entière qui a généré beaucoup de travaux. Parmi ceux ci, les méthodes proposées par Lindstrom et al. [LKR+96] et celle de Duchaineau et al. (ROAM, ''Real-time Optimally Adapting Meshes'')[DWS+97] ont été très fertiles. Plus de détails peuvent être trouvés dans [AMH02].
Le fait d'adapter la résolution du maillage au point de vue permet d'éviter une simplification arbitraire : les critères de simplification sont adaptés au dispositif d'affichage, et correspondent à une erreur visuelle concrète.
Comme pour toute méthode évoluée, l'adaptation au point de vue de la simplification est plus lourde à calculer. Néanmoins, les avantages peuvent être drastiques, comme typiquement dans le cas de terrains.
Porquet Damien 2005-03-02